L’élection de Donald Trump pour un deuxième mandat aura probablement des conséquences politiques importantes et multiples pour les marchés d’actifs croisés, non seulement dans la foulée immédiate de l’élection, mais également pendant la totalité de son mandat.
Spécifiquement, il est probable que pendant ses premiers jours en poste, Trump mettra l’accent sur ces trois initiatives clés :
- - Mise en œuvre de droits de douane mondiaux.
- - Réduction de l’immigration.
- - Politiques additionnelles en matière de déréglementation.
Ce qui est aussi important pour les marchés sera l’accent mis par son administration (et le Congrès) sur la Tax Cut and Jobs Act qui doit arriver à échéance à la fin de 2025 et qui sera probablement au programme pendant la première moitié de l’année si les Républicains obtiennent le contrôle de la Chambre des représentants.
Nous sommes d’avis que, pour son deuxième mandat, Trump cherchera à utiliser la menace de droits de douane à l’encontre de la Chine et du reste du monde plus tôt, comparativement à son premier mandat. Alors qu’il est peu probable que des droits de douane de 60 % sur les biens importés de Chine et de 10 % sur les biens importés du reste du monde soient entièrement mis en œuvre, la menace de tels droits de douane — ou sa concrétisation partielle — poussera vraisemblablement les marchés à craindre des pressions inflationnistes à court et à moyen terme, les investisseurs étant probablement à la recherche de produits et d’actifs protégés de l’inflation. Les craintes d’une hausse de l’inflation influencent déjà l’évaluation du marché quant au cycle d’assouplissement de la Fed, et nous croyons que la mise en œuvre (ou la menace d’une mise en œuvre) de ces droits de douane pourrait pousser la Fed à ralentir ou à stopper son cycle d’assouplissement dès janvier 2025, ce qui poserait un risque pour la duration des obligations nominales à court terme.
L’accent mis par Trump sur l’immigration et la déportation potentielle d’immigrants sans papiers seront probablement aussi un point central de la prochaine administration. Contrairement au Canada, où l’incidence de l’immigration est connue et surveillée depuis des années, cette incidence sur l’économie américaine est, de manière quelque peu surprenante, un phénomène relativement nouveau auquel de nombreux observateurs n’ont commencé à s’intéresser qu’au cours de la dernière année. L’opinion généralement acceptée est que l’immigration aux États-Unis a stimulé l’emploi et a un effet accélérant sur l’économie sous-jacente. Par conséquent, si la nouvelle administration met un grand coup de frein à l’immigration et déporte des travailleurs dans la force de l’âge, cela aura très probablement un effet de ralentissement sur l’emploi, la consommation et les perspectives économiques. Ces politiques, en théorie, vont à l’encontre de la perception générale du marché voulant que les politiques de Trump sont « bonnes pour l’économie », car elles tendent à produire un PIB nominal robuste, et sont généralement vues comme favorables pour les bénéfices des sociétés. Il est important de noter qu’une économie qui ralentit et une demande en biens et services qui diminue contribueraient en théorie à contrebalancer, en partie, une hausse des pressions inflationnistes attribuables à la hausse des droits de douane.
La déréglementation sera aussi probablement un point central de l’administration Trump dès son entrée en fonction, en particulier la déréglementation du secteur des services financiers et celle du secteur de l’énergie où l’on croit généralement que l’administration permettra les forages sur les terres fédérales. Par conséquent, le marché est de plus en plus haussier, non seulement à l’idée d’une hausse des activités de fusion et acquisition, mais également envers la capacité des banques à assumer un risque additionnel lié au bilan. Du côté de l’énergie, un approvisionnement supplémentaire en pétrole, jumelé à une administration Trump généralement vue comme plus proche de l’Arabie saoudite que l’administration Biden, devrait avoir une incidence négative sur les prix au comptant du pétrole, mais la mise en œuvre des initiatives entourant le forage physique prendra du temps d’un point de vue logistique.
En outre, la confirmation d’une « vague rouge », les républicains obtenant le contrôle de la Chambre des représentants, conférera au Grand Old Party le contrôle presque total sur les politiques fiscales et intensifiera probablement la discussion au sujet de la prolongation de la Tax Cut and Jobs Act pendant la première moitié de 2025. À ce sujet, nous nous attendons à ce que les républicains à la Chambre et à la Maison-Blanche militent en faveur d’une baisse des taux d’imposition des sociétés et des particuliers et sur les gains en capital, parallèlement à des mesures budgétaires de relance additionnelles. Si le budget n’est pas équilibré, et si le Congressional Budget Office (CBO) estime que ces changements sont permanents, les prévisions à long terme à l’égard du déficit seront revues à la hausse, entraînant probablement de la spéculation sur les marchés quant au fait que le Trésor américain devra émettre des titres de créance additionnels et augmenter le montant des coupons au cours des années à venir. Par conséquent, nous décelons des risques concernant les placements en titres américains à duration longue, particulièrement pour ce qui est de la duration nominale.
Les politiques de l’administration Trump auront un impact dynamique et complexe sur l’économie et les marchés, et pourraient, à l’occasion, sembler incompatibles. Parmi tous les thèmes ci-dessus, les marchés d’actifs croisés mettront probablement l’accent sur les droits de douane à titre de moteur macroéconomique clé pendant les premiers jours de l’entrée en fonction de Trump, ainsi que sur la menace d’un retour de l’inflation et de ce que cela signifie pour le cycle d’assouplissement de la Fed en 2025.
Nous sommes d’avis que les marchés à bêta élevé pourraient réagir favorablement si l’administration, avec l’aide du Congrès, est en mesure de renouveler l’adoption de la Tax Cut and Jobs Act pendant la première moitié de 2025, car cela compenserait, en partie, l’effet négatif de l’adoption partielle ou complète des droits de douane de Trump sur les biens importés, mais le moment et la conception de toutes les politiques de Trump seront au cœur des préoccupations des investisseurs au cours de l’année à venir.
11 novembre 2024. Il ne faut pas s’attendre à ce que ces renseignements soient mis à jour, complétés ou révisés en raison de nouveaux renseignements, de circonstances changeantes, d’événements futurs ou autrement.